Comment éviter les contacts dentaires pendant la déprogrammation des TENS

Oct 2020

Dr. Jean-Claude COMBADAZOU

Fig 1.

Une activité électromyographique posturale de repos des muscles manducateurs élevée signifie que cette dernière est adaptative c’est-à-dire anormale.
Image 1 : activité électromyographique posturale de repos yeux ouverts et yeux fermés des muscles temporaux (LTA : left temporal, RTA : rigth temporal), des masséters (LMM ; left masseter, RMM : right masseter), des sterno-cléido-mastoïdiens (LSM : left sternomastoid, RSM : right sternomastoid), et des digastriques (LDA : left digastric, RDA : rigth digastric).

Fig 2.

Pour retrouver une activité électromyographique posturale de repos normale, l’utilisation de la stimulation nerveuse transcutanée (TENS) à ultra basse fréquence est préconisée. Il s’agit d’un stimulus électrique de courte durée, n’agissant qu’au niveau des nerfs, qui permet d’obtenir une contraction musculaire. Cette contraction a pour effet d’éliminer les déchets produits par le cycle de Krebs (ex : acide lactique) et d’amener du sang oxygéné.
Les électrodes sont placées au niveau de l’échancrure sigmoïde où passe la branche mandibulaire motrice du trijumeau. Les électrodes sur les trapèzes stimulent des points gâchettes pour détendre la région cervicale.

Fig 3

Cette stimulation, à un certain seuil d’excitation, provoque un mouvement rythmique de la mandibule dans les 3 plans de l’espace et dans le temps tout à fait reproductible comme le montre le tracé de gauche (le carreau représente en ordonnée 1mm et en abscisse 1 seconde) A chaque impulsion, la mandibule monte (tracé bleu) et elle avance (tracé rouge).

Fig 4.

Au fur et à mesure de la relaxation musculaire, le mouvement mandibulaire provoqué s’amplifie et augmente verticalement. A un certain stade, des contacts dentaires peuvent se produire provoquant un réflexe trigéminal d’évitement.
Pour éviter ce phénomène contre-productif pour la relaxation musculaire, on utilise de l’INDICATOR OCCLUSAL de KERR.

Fig 5.

Il s’agit de feuilles de cire calibrées, dont le versant collant de la feuille est placé sur les surfaces occlusales des dents de la mandibule.

Fig 6.

Nous voyons ici les impacts des surfaces occlusales des dents du maxillaire sur la cire, provoqués par les mouvements rythmiques de la mandibule. La cire amortit la force de l’impact des contacts dentaires. Cet amortissement sollicite moins les récepteurs desmodontaux responsables de l’évitement de ces contacts traumatisants ce qui limite la sollicitation des muscles manducateurs et améliore le déconditionnement musculaire

Fig 7.

Les TENS permettent ainsi d’obtenir une activité EMG des muscles manducateurs et des muscles cervicaux normale, et donc une posture mandibulaire de repos normale, point de départ de l’occlusion dentaire.
Pour rappel, l’occlusion est le mouvement de la mandibule qui amène les surfaces occlusales des dents mandibulaires à la rencontre des surfaces occlusales des dents du maxillaire dans le but d’obtenir un ancrage de la mandibule au crâne le plus efficient possible.

Fig 8.

Cette technique de déconditionnement musculaire est intéressante pour trouver la position posturale de repos, la trajectoire neuro-musculaire et enfin la relation inter arcade (RIA) thérapeutique. Elle est facile et reproductible et permet d’étudier l’occlusion dans les 3 plan de l’espace. Elle évite toute intervention de l’opérateur (pas de manipulation de la mandibule). Elle nécessite juste l’apprentissage de la lecture des enregistrements.